Alors que je commence à travailler pour le numéro 4 du magazine Vivre Paris, j’étais en reportage pour eux vendredi soir lors d’une soirée qui m’a mis en humeur.
Le reportage consistait à faire quelques photos d’ambiance d’un évènement organisé par une grande marque de bière française dans le jardin du Musée Rodin dans le 7ème arrondissement de Paris. Les convives, recrutés principalement sur un site de réseau social, devaient, sur les conseils de l’entreprise, se vêtir de bleu.
L’espace de cette soirée m’a offert tout ce que je peux détester dans Paris : la privatisation d’un lieu public, les espaces VIP, les passes-droits, les concerts sans âme, l’ambiance faussement cool. Les vigiles en nombre, la Sainte Sécurité, l’absence d’écarts. La jeunesse, de mon âge, consommatrice, sur-maquillée, sur-convenue, si docile. J’avais le sentiment d’être au bal des faux-culs. Les faussement riches ou les nouveaux artistes. Tous à se glorifier d’être là, entourés du logo omniprésent de la marque, abreuvés par la bière, même pas bonne, disponible à volonté.
Je me suis étonné d’être encore surpris et scandalisé par ce genre d’évènements complément calculés, superficiels et qui n’ont pour seul but de faire que des entreprises – des marques – deviennent des concepts, des idéaux ou des références culturelles que l’on partage quotidiennement. En tant que photographe, je me suis remis à penser aux travaux de ces photographes, Martin Parr en tête, qui documentent avec subtilité toute cette comédie humaine des buffets et autres conventions de personnes.
Mais à quoi bon ces reportages quand les gens ont l’air tous bien conscient de ce qui s’y joue ?
Ce monde de l’événementiel et du marketing me passionne et me dégoute. Et, c’est un comble, il me permet de vivre. En effet, c’est une bonne demi-douzaine de photographes qui étaient en commande ce soir là. C’est aussi des étudiants hôtes d’accueils ou serveurs, des artistes qui font des performances, des grapheurs qui réalisent une fresque à l’effigie de la marque. Et bien malgré moi, je me retrouve en producteur critique de cirque là.
Je me mets alors à repenser à mes fêtes de campagne dans le Bugey, loin de cette jeunesse dorée mais dépolitisée, loin du mondainisme parisien, loin des gens importants. Ça me manque.
A 23h30, les vigiles sonnaient la fin de la fête. On éteint les lumières.
PS : Il y a exceptionnellement deux photos car je ne vous en ai pas mis la semaine dernière.
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