Malgré nous, notre métier de photojournaliste ne fait pas toujours du bien aux gens. Tout juste éprouvent-ils du plaisir à regarder un reportage photo, à rêver sur de belles images. Il ne les rend pas forcément heureux mais est-ce son but ?
Des genres de la photographie échappent cependant à cette logique. C’est la photographie de portrait, de famille, de mariage. Une photographie que l’on exerce professionnellement sous le nom de photographie sociale.
Pour moi, ce sont des moments tout simples, comme David et Alexandra, tout jeunes mariés que je photographie au milieu de la neige à Tignes. Ils voulaient des souvenirs avant de rentrer aux États-Unis. Ce sont des filles comme Audrey ou Anaïs qui désiraient avoir quelques photos pour elles, ce sont des parents qui veulent des images de leurs enfants; ou encore un artiste, des photos de ses œuvres ou de ses performances.
Et puis, moins professionnellement, ce sont mes photos de soirées, de moment de joie avec mes potes. Les photos de voyages entre nous. C’est tous les instants de nos vies intimes, ce sont mes amours et leurs déceptions, les images de mes parents et le regard que j’ai sur eux, ce sont mes autoportraits et les paysages que je traverse. Ces images je les partage par petits tirages ou souvent, parce que c’est plus pratique, par mail.
Cette photographie, qui est souvent intime, je la pratique régulièrement et ne la montre que peu. Elle participe cependant (notamment la photographie de famille) à la documentation de mon existence et au plaisir de marquer des rencontres avec des gens que l’on apprécie. Elle me sert de lien avec les autres. Elle prend bien là l’une de ses fonctions les plus importantes : la fonction sociale.
Généralement mon plaisir devient total lorsque les images que j’envoie touchent, lorsque les gens avec qui je les partage les utilisent et se les approprient. Lorsqu’elles participent ainsi à leur histoire.
Je connais bien des photoreporters qui ne sortent jamais leurs boitiers en dehors de commandes. Pour moi c’est impensable. La photo est aussi mon journal de bord.
Si j’ai toujours la passion d’exercer ce métier dans n’importe quelle situation, ce pouvoir de faire plaisir et de créer du lien avec mon médium est pour moi la plus grande récompense du travail accompli depuis que je suis photographe.
Laisser un commentaire