Il y a quelques années, ma mère a eu la bonne idée de découvrir par hasard un domaine viticole portant notre nom de famille.
La chance en appelant une autre, les vignerons Morel produisaient du champagne. Cette boisson miraculeuse dont l’abus est toujours déconseillé, mais dont le rituel d’ouverture de la bouteille, la course ascensionnelle des bulles et le tintement des coupes sont souvent le prélude agréable à une ivresse joyeuse. Là où le mot anglais tipsy me semble le plus approprié pour en donner la définition.
Je devenais converti, et je profitais de notre patronyme pour offrir à tous mes amis l’occasion du boire du Morel. Nous commandions les bouteilles directement sur le site de cette famille de vignerons. Mais, pour pousser le bouchon un peu plus loin, je notais dans ma liste de rêves d’aller me rendre in situ pour constater de quel terroir était issu le breuvage, et de quels paysages en arrière-plan je pourrais accompagner mes futures célébrations.
J’ai enfin pris mon vélo, ma motivation et mon train pour Troyes en ce début de mars 2024, mi-pluvieux, mi-gris pour rejoindre le caveau Morel à Les Riceys dans l’Aube.
Car si la culture populaire associe le champagne à la région éponyme, j’ai découvert avec le champagne Morel qu’une bonne partie de l’AOC Champagne était produite dans la zone sud de l’ancien territoire champenois, bien loin des caves de luxes de Reims et d’Épernay.
C’est ainsi que je me retrouve, après 50 kilomètres relativement plats, dans la bien nommée Côte des Bars, sur la commune de Les Riceys (issus de la réunion de différents villages) d’où sort chaque saison des centaines de milliers de bouteilles sous 3 appellations AOP majeures : Champagne, Côteaux Champenois et Rosé des Riceys. Ce sont les 866 hectares de vignes à flanc de part et d’autre des bourgs qui abreuvent en raisin les différentes caves, dont une trentaine d’indépendants parmi lesquels ce brave Morel.
Ce samedi 2 mars, je pousse donc la porte de la demeure familiale, à côté de l’église Saint-Vincent, où m’accueille dans une zone rénovée, le père Morel, 5e génération, pour une brève explication du terroir, de l’activité et du futur.
Si je m’annonce comme presque homonyme, je ne suis pas le premier par(venu), et rien nous ne destine vraiment à devenir de bon ami ou des cousins éloignés si ce n’est l’objet du délit, à savoir le champagne en bouteille et ses dérivés. Je m’assure que l’exploitation continuera pendant des décennies, sous l’impulsion de sa fille Émilie (Morel) et de son autre fils Simon (Morel).
Je repars donc confiant, avouant que j’ai choisi le champagne Morel comme le seul que j’offrirais jusqu’à ma mort, et que ça me va bien, tant en tarif qu’en principe de vie.
Il est bon de se boire.
J’emporte deux minibouteilles de 37,5 cl. Ce qui me semble un volume opportun pour accueillir les ivresses solitaires ou les apéritifs à deux. Je ne peux m’empêcher d’acquérir aussi le tirebouchon siglé M O R E L ou le capuchon du même nom.
Le soir, je prolonge l’expérience des Riceys avec une nuit au logis-hôtel Les Magny d’où j’écris ce récit. La cuisine est bonne, l’ambiance convenue. Je repartirais par la vallée, vers la gare de Vendreuse-sur-Barse à 35 km plus au nord. Sous un dimanche de pluie, mais bien content d’avoir vu la source.
La prochaine étape ?
Me rendre à la Gacilly en Bretagne pour gouter les Macarons de Pierre Morel.
Santé !
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