Une fête de village était organisée ce samedi 27 décembre au Petit-Abergement sous l’impulsion du comité des fêtes de cette localité. Une cinquantaine de personnes se sont pressées sur la place du village, en face de l’Église où se trouve la crèche de noël mise en place depuis 4 ans et qui fait la fierté des habitants.
Malgré le froid glacial, cela ne nous a pas empêché de festoyer dans la bonne humeur avec la venue du père noël (au Petit-Abergement il arrive 2 jours après les faits), des dizaines de pains d’épices fait maison, des marrons, du vin chaud et pour finir une bonne fondue qui n’a pas finie en orgie mais qui a suffit à régaler le ventre de certains (dont moi) jusqu’à la fin de la journée.
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Faire des photos et participer à cet évènement me tient fortement à cœur car hormis la nature chaleureuse de l’évènement c’est un village qui tente petit à petit de revivre malgré la déruralisation que nous vivons dans nos régions.
Installation d’une banderole lors de la mobilisation contre la fermeture de l’école du Petit-Abergement en aout 2007
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J’ai grandi dans ce village et j’ai pu vivre d’une certaine manière son déclin : fermeture de la station de ski alpin, fermeture du bureau de poste, du petit relais épicerie, d’un restaurant du village, de la salle des fêtes (plus aux normes) et dernièrement de l’école du village qui ne comptait plus que 8 élèves. Seules avancées depuis : l’arrivée il y a 18 mois du téléphone mobile et de l’internet haut débit. Drôle de monde.
Ce déclin, que certains voient comme inéluctable, tient plus selon moi d’une politique gouvernementale gestionnaire que d’un tragique concours de circonstances. Il est possible et souhaitable que l’État, à tous les niveaux, se réengage massivement dans les petits villages et n’abandonne pas sa mission de service public. Il en va de la survie de la ruralité mais aussi de la vitalité et de la diversité d’un pays. Quand on connait la chance de grandir à la nature, on ne peut que souhaiter voir les campagnes se développer face aux grands centres urbains qu’on nous promeut et promet.
Installation d’une banderole lors de la mobilisation contre la fermeture de l’école du Petit-Abergement en aout 2007.
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Malgré cela, ce qui m’a le plus étonné et le plus enthousiasmé dans la disparition progressive de ce qui fait notre village c’est la réaction des citoyens. Timide au début, elle a été beaucoup plus forte lors de la fermeture de l’école où les habitants se sont mobilisés, ont manifestés et ont boycottés les élections législatives de juin 2007. Cela n’a pas suffit à empêcher la fermeture de l’école mais cela a enclenché une dynamique qui a permise aux habitants de se retrouver et de partager des intérêts communs. Cette dynamique a été accentuée par l’arrivée de nouveaux villageois, plus jeunes et avec des enfants qui viennent s’installer sur la commune. Ce renouvellement permet à ce village de s’animer d’avantage : des soirées sont organisées pour le village, l’école sert de salle de réunion et de lieu de concert, des liens se créent entre les habitants qui parfois ne se parlaient plus.
Un habitant du Petit-Abergement rend sa carte d’électeur lors du premier tour de l’élection législative française de juin 2007. La majorité des électeurs du village feront de même pour protester contre la fermeture de l’école de la commune.
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Cette réappropriation de la vie locale par ceux qui la vivent ne peut que m’enchanter. Je ne suis pas tellement autogestionnaire mais c’est la meilleur démonstration que la démocratie doit se vivre à la base et que les citoyens doivent s’organiser ensemble et prendre leur avenir en mains.
C’est dans cette optique que je m’intéresse d’autant plus à cette région où j’ai grandi. Depuis que je suis photographe, je vois d’un œil nouveau mon village et je m’attache à essayer de photographier ces mutations que je décris tout autant que j’y participe activement (en témoigne notre convention de jonglage, notre activité avec le défunt TC01 ou le projet que j’ai de lancer un média alternatif participatif dans le Bugey, j’y reviendrai).
La tache est ardue et photographiquement je suis encore trop timide pour m’impliquer vraiment dans la vie de mon village mais j’espère y arriver petit à petit et pouvoir proposer quelque chose d’intéressant d’un point de vue documentaire sur le Petit-Abergement, le Haut Valromey et le Bugey..
Plus jeune, je ne pensais jamais avoir ce besoin de retour aux sources. Je trouvais que ce n’était pas sain et je pensais partir aux 4 coins du monde sans me retourner. Je n’ai pas perdu cette envie de voyage mais finalement je me rend compte que j’aime cette dualité entre la volonté d’explorer le monde qui m’entoure et le besoin de creuser le monde intérieur dans lequel j’ai grandis. Ce besoin est d’autant plus renforcé que je me rends compte de plus en plus qu’il n’y a pas la nécessité de partir loin pour faire des choses mais que tout est possible, ici et maintenant.
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