Mis à jour le 13 février 2024.
Je ne cesse de recevoir, tous les jours, des questions de confrères photographes (pros ou non) concernant le prix d’une photo, les astuces pour remplir sa déclaration 2035 ou les arguments pour refuser de se mettre sous le régime de la micro-entreprise.
Je tache toujours d’y répondre dans la limite de mes compétences, convaincu que c’est en partageant notre savoir qu’on arrivera à rationaliser la pratique de ce métier, à éviter que les prix baissent ou que nos statuts et régimes sociaux deviennent une coquille vide.
Connaître ses droits, ses devoirs et les démarches à effectuer pour un photojournaliste ou un photographe auteur devrait être le préambule indispensable à l’exercice de cette profession.
Malheureusement, une grande partie des photographes (en place ou en devenir) pâtit d’une ignorance presque totale quant aux conditions d’exercice du métier. Si il est de la responsabilité des organisations professionnelles, des écoles et des photographes les plus au fait de nos droits de communiquer d’avantage sur les bonnes pratiques de notre métier, il est tout autant nécessaire que ceux qui sont perdus vis à vis de ces questions fassent l’effort de se documenter, d’apprendre nos règles et pourquoi pas d’adhérer à une organisation.
Pour ces photographes c’est l’assurance de paraitre professionnel aux yeux des journaux et des clients et c’est aussi éviter des ennuis fiscaux ou sociaux.
Je propose donc, ci-dessous, un condensé non exhaustif de ressources sur la pratique du photojournalisme et de la photographie d’auteur en France.
Je précise que je mélange les ressources concernant le statut du photojournaliste (rémunéré à la pige par une entreprise de presse) et celles concernant le régime du photographe artiste-auteur (vivant de la vente de droits d’auteurs à des entreprises, des ONG, des particuliers).
Ce mélange des ressources se justifie parce que la majorité des photojournalistes d’aujourd’hui travaille à la fois comme pigiste et comme photographe auteur.
Les organisations professionnelles
Syndicats ou associations, ces organisations réunissent des photographes ou des journalistes convaincus de la nécessité de défendre leurs métiers et de s’unir pour être plus fort. Si elles peuvent s’appréhender comme un guichet de services utiles (documentations, carte de photographe, soutien juridique), il convient de prendre conscience que ces organisations ont besoin d’activistes. Ce sont des outils à prendre en main.
- Photojournaliste, vous avez la possibilité d’adhérer à un syndicat de journalistes. Les deux principaux sont le SNJ-CGT et le SNJ. Ils disposent tout deux d’un pôle pigiste et d’interlocuteurs au fait des problématiques que nous rencontrons. Leurs sites web contiennent des informations sur le statut de journaliste et ils sont éditeurs de nombreuses brochures sur nos droits. Voir par exemple “Pigiste Mode D’Emploi”. Le SNJ a un groupe facebook très actif pour les pigistes.
- Différentes d’un syndicat, les associations de journalistes existent surtout dans l’objectif de créer un réseau professionnel. Elles peuvent toutefois être un lieu d’apprentissage de nos droits et devoirs. A ce titre je recommande chaudement l’association Profession Pigiste qui réunit des photographes et des rédacteurs pigistes. Voir leur abécédaire de la pige et rendez-vous au 48h de la pige, leur festival annuel.
- L’Union des Photographes Professionnels (UPP) est la première association professionnelle pour les photographes qu’ils soient auteur ou photojournaliste. Représentant plus de 1000 photographes, l’UPP est l’organisation incontournable. L’adhésion offre un accès à de la documentation spécialisée, un soutien juridique en cas de problème ou encore une carte professionnelle. Le site internet de l’UPP regorge lui d’informations pratiques d’un barème indicatif des tarifs à pratiquer. De plus, l’UPP organise à La Maison des Photographes des formations, ouvertes à tous, sur nos droits.
- La SAIF : Elle est en charge de collecter et reverser les droits d’auteurs issus de la gestion collective. Elle dispose aussi d’un service juridique gratuit qui peut agir pour vous en cas de contrefaçon. La SAIF garde ensuite 15% de l’indemnité qu’elle perçoit. Tout photographe devrait en être membre. L’adhésion à vie est de 15,24€. Vous pouvez aussi rejoindre la SCAM ou l’ADAGP qui font le même travail.
Très apprécié, les barèmes de tarifs de vente d’archives de la SAIF. - Voir aussi La Part des Femmes, La Buse, Prenons la Une, et la FFPMI.
Les guides et textes importants pour les photojournalistes :
Le guide de la pige (2023), rédigé par l’équipe de Profession : Pigiste en collaboration avec les syndicats représentatifs de la profession, le SNJ, la CFDT Journalistes et le SNJ-CGT.
58 pages pour connaître les droits des journalistes rémunérés à la pige et comment les faire appliquer. Ce guide est né suite aux États généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes, organisés en 2022 par la Conférence des écoles reconnues (CEJ).
La protection des sources / liberté de la presse : Voir le guide de défense des journalistes édité par l’association de la Presse Judiciaire.
La déontologie : Il existe plusieurs chartes de déontologie de la profession, 3 grands texte : la charte de Munich (1971) ; la charte du SNJ (2011), la charte d’éthique mondiale des journalistes (Tunis, 2019). Fondé en 2019, Le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) est une instance de médiation entre les journalistes, les médias, les agences de presse et les publics sur toutes les questions relatives à la déontologie journalistique.
Les « institutions »
- Le Centre des Impôts de son domicile. Je déconseille souvent d’aller directement au centre des impôts pour demander des informations quand on se lance. En effet, peu d’agents sont au fait des subtilités de notre métier. Un rendez-vous peut permettre de clarifier certaines choses mais allez-y en étant, au préalable, bien informé sur vos droits. Voir aussi sur service public.fr : les infos fiscales pour artistes-auteurs
- La sécurité sociale des artistes-auteurs (ex Agessa-Maison des Artistes), c’est l’organisme qui s’occupe de l’aspect sociale des artistes auteurs (dont les photographes). On a souvent à faire avec eux et leur site est précis en informations. Le must read est le guide pratique de début d’activité des auteurs. Il y a aussi des informations sur nos retraites ou notre couverture avec l’assurance maladie.
- Urssaf des artistes-auteurs (du Limousin) s’occupant du recouvrement de nos cotisations sociales.
- Audiens, organisme de prévoyance spécialisée dans les métiers de la presse, elle propose une couverture santé complémentaire pour les photojournalistes pigistes. C’est grâce à l’action de l’association PEPS que nous avons cette possibilité d’être correctement couvert. Audiens propose aussi, depuis septembre 2010, une assurance pour les photojournalistes pigistes en reportage à l’étranger. RSF propose aussi une assurance pour les reporters en zone de conflit.
- l’AFDAS : L’organisme de financement et de gestion du droit à la formation continue pour les photojournalistes pigistes et les photographes auteurs à l’AGESSA. Les conditions sont assez avantageuses, profitez en !
- RETRAITE : Les artistes-auteurs doivent cotiser à l’IRCEC, caisse de retraite complémentaire. Entre 5% et 8% des revenus. Simulation possible de votre situation sur : www.lassuranceretraite.fr
- La Commission de la Carte d’Identité des Journalistes Professionnels (CCIJP) qui délivre la carte de presse. Toutes les conditions et questions pour l’obtenir sont clairement indiquées sur le site.
Les livres
La référence pour les photographes auteurs est le livre d’Eric Delamarre : Profession photographe indépendant. Il contient toutes les informations pratiques pour se lancer dans ce métier et l’exercer correctement. Il est mis à jour tout les 2 ou 3 ans. Un classique indispensable. Je conseille de l’acheter lorsque vous débutez et ensuite de préciser certains points grâce aux autres ressources de cet article. Son auteur a crée un groupe facebook pour répondre au question : https://www.facebook.com/groups/devisexcelgpla/
Vendre ses photos de Joëlle Vebrugge est un guide sur les démarches à effectuer lorsqu’on vend une image. De la même personne, il y a aussi : Droit à l’image et droit de faire des images
Y voir Clair dans le méli-mélo de la photo (2024) : comprendre l’écosystème de la photographie professionnelle française et les relations entre les différentes parties prenantes est l’ambition première de ce livre coordonnée par Les Filles de la Photo.
Il en ressort une liste de bonnes pratiques à adopter aussi bien du côté des photographes, que des donneurs d’ordres : institutions, galeries, services photo, jurys, agences, festivals.
L’ouvrage en accès libre ou en achat est un indispensable à lire et à partager, car se comprendre nous même en temps que milieu, c’est la première étape pour continuer à agir sur les règles du jeu et pour les droits que nous allons obtenir dans le futur.
Le Guide de la Pige : Un pavé dont la dernière édition date de septembre 2010 (et qui ne semble malheureusement plus réedité). Très riche et précis concernant les droits des pigistes, il propose aussi un annuaire professionnel ainsi que des conseils pour mieux travailler. Réservez-lui une place sur votre bureau. C’est la bible.
“Profession Journaliste Indépendant”, un guide pratique de terrain sorti en 2017 par Thierry Butzbach, journaliste actif membre de l’association Profession Pigiste.
- Sur la stratégie professionnelle et le développement de son business, Eyrolles édite de nombreux bouquins de qualité dans sa collection “photographe pro”
What They Didn’t Teach You In Photo School: The secrets of the trade that will make you a success in the industry : un livre fabuleux en anglais par un photographe basé aux USA qui donne sa vision concrète du métier. Pour les jeunes et moins jeunes. Beaucoup de conseils. Existe traduit en français : Le B.A.BA du photographe professionnel.
Les sites web
Je ne mentionnerais pas tous les blogs et forums qui évoquent épisodiquement nos droits. Je vous signale juste quelques sites qui font référence et qui contiennent bon nombre d’informations pratiques avec des personnes capables de répondre à vos questions.
- Paye Ta Pige : Lancée par une journaliste pigiste, ce site compile l’ensemble des tarifs pratiqués par les rédactions en France. Il utilise le crowdsourcing (soumissions d’informations par les pigistes). Une bonne base à consulter et alimenter. Les anglo-saxons ont depuis quelques années le site : https://whopaysphotogs.tumblr.com/ avec les tarifs dans la presse internationale.
- Droits et Photographie, le blog de Joëlle Vebruge, citée plus haut, est devenu une référence sur le web depuis 2009. Cette avocate de métier y traite de nombreux aspects de la commercialisation des photos. Elle a aussi lancé Jurimage, un site d’information sur le droit en lien avec nos métiers. Payant et d’excellente qualité. Pour s’abonner à l’année et avoir accès à tout les articles, il faut se rendre sur le site de 29Bis
- Le groupe facebook DEVIS EXCEL GPLA d’Eric Delamarre, également cité plus haut, donne des informations et des modèles de notes d’auteurs. Très complet. 12 000 membres en 2024.
- Les rubriques « démarches/pro » de certains forums photos. Elles manquent toutefois de réels professionnels pouvant répondre aux questions, à lire avec précaution : Virus Photo, Chasseurs d’Images ou encore Eos-Numérique ou le forum de Categorynet, un portail de journalistes.
- Il existe plusieurs groupes Facebook où recevoir des informations comme par exemple “Le front de défense des photographes” ou > Vivre de la Photographie — La communauté des Photographes Stratèges
- Concernant les outils pour gérer la facturation et devis : freelancer-app ; factomos ; Doox et pour la facturation+comptabilité : Indy
- Pour les tarifications, en anglais, le must-read : http://aphotoeditor.com/category/pricing-negotiating/ ou Le calculateur de l’UPP
Les listes de discussion
Très professionnelles, on y rentre en montrant patte blanche et elles ne sont pas ouvertes aux amateurs. Elles sont destinés à échanger sur des questions précises (tarifs notamment) ou sur des problèmes avec tel ou tel journal.
- La liste Pige. Elle réunit plus d’un millier de pigiste (rédacteur, photographe, JRI) et contient des archives d’une grande richesse.
- La liste EP France. Lancée en février 2010, elle réunit 350 photojournalistes pigistes francophone. Elle discute spécifiquement des problématique du photojournalisme contrairement à la liste pige. Je vous recommande, si vous êtes photojournaliste professionnel, une inscription sur les deux listes. Depuis quelques années EPFrance s’est ouvert aux photographes professionnels non photojournaliste et traite des questions de tarifs et pratiques dans le secteur.
Réfléchir et connaître notre condition
- Des études :
- Crise du photojournalisme et santé des photographe (2019 -SCAM et SAIF)
- Rapport Racine : l’auteur et l’acte de création (2020)
- Journaliste : auteur ou fournisseur de contenus (2019 – SCAM)
- Photojournaliste : une profession sacrifiée (2015 – SCAM)
- Le métier de photographe (2015 – Ministère de la culture)
- Observatoire de la mixité femmes / hommes dans la photographie (2019 – Les filles de la photo)
- Le Livre blanc des bonnes pratiques pour réinventer la photo (2024 – Les filles de la photo)
- Des livres : Les travaux du sociologue Pierre-Michel Menger et Notre Condition, Aurélien Catin
Pour conclure, je rappelle aussi qu’il y a des ateliers, des conférences ou des rencontres à travers toute la France sur ces questions des droits et bonnes pratiques (citons par exemple les apéros pigiste, les stands UPP à Arles ou Visa pour l’Image). Un suivi attentif des liens cités ci-dessus permet d’être tenu au courant. Je ne mentionne pas non plus les différents magazines spécialisés qui évoquent ponctuellement ces questions. Ce que je donne est une porte d’entrée, à vous de faire la démarche de vous informer correctement et de vous déplacer le cas échéant.
N’hésitez pas à me suggérer, en commentaire, d’autres liens et ressources concernant nos droits. Je mettrais cet article à jour.
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